IBM, Google, Intel, Honeywell… on ne compte plus les géants de la tech qui signent leur entrée dans la course au développement d’ordinateurs quantiques puissants, une technologie qui promet de révolutionner plusieurs secteurs d’activité, notamment l’industrie pharmaceutique et la cybersécurité. Où en est-on exactement ? État des lieux.

Un rythme de progression fulgurant

En lieu et place des bits classiques 0 ou 1, les ordinateurs quantiques reposent sur ce qu’on appelle des qubits, en plus de portes qui les modifient. Les géants du secteur qui se livrent une guerre commerciale sans merci pour être les premiers sur ce marché rivalisent aujourd’hui sur de nombreux aspects, notamment la connectivité entre les qubits, leur nombre, le type de portes disponibles, la température de fonctionnement ou encore les taux d’erreur. De l’avis de Supinfo, le rythme de progression à ce niveau est absolument phénoménal. Il n’y a qu’à voir du côté d’IBM pour en avoir la preuve. Alors qu’il proposait un calculateur quantique de 65 qubits, le géant américain annonce une nouvelle version de 433 qubits pour 2022, et une autre de 1 000 qubits pour l’année prochaine.

Quid du software ?

La fulgurance du rythme de progression du hardware coïncide avec la lenteur du développement de software quantique. L’importance du software n’est plus à démontrer pour mettre définitivement sur les rails la tant attendue « révolution de l’informatique quantique ». En bref, la disponibilité de logiciels tout aussi puissants que les machines est une condition essentielle à la lancée de l’informatique quantique. Or, force est de constater que le développement de tels softwares n’en est aujourd’hui qu’à ses débuts. En cause : les limites des langages de programmation quantiques actuels, notamment Qiskit d’IBM, Cirq de Google ou encore Q# de Microsoft.

Il existe aussi une pénurie d’ingénieurs software capable de gérer la complexité inhérente à la conception de softwares quantiques performants. Sans surprise, les ingénieurs spécialisés en programmation quantique ne courent pas les rues, contrairement à leurs homologues spécialisés en programmation classique. A leur décharge, il est particulièrement difficile de maîtriser à la fois l’informatique quantique, la physique quantique et l’algèbre linéaire, conditions essentielles pour exceller en tant qu’ingénieur software en informatique quantique. Actuellement, peu de profils possèdent ces qualifications. Il s’agit principalement d’ingénieurs doctorants dans de grandes universités. Par conséquent, les entreprises ont tout le mal du monde à recruter pour leurs branches quantiques, ce qui explique les retards en matière de développement de logiciels quantiques.

Pour ne rien arranger, force est de constater que le peu d’ingénieurs qui exercent aujourd’hui dans le domaine n’ont pas ou peu d’expertise dans les domaines que les entreprises souhaitent traiter, notamment la supply chain ou encore la biologie moléculaire.

Vers la stagnation de l’informatique quantique ?

Il est aujourd’hui urgent d’accélérer la cadence au niveau de la formation, sans quoi l’informatique quantique n’arrivera pas à prendre son envol. Rappelons que sans progrès rapide dans le développement de software, l’informatique quantique aura du mal à avancer, d’où la nécessité de créer des logiciels de conception d’algorithmes quantiques. Ceux-ci permettront à la fois de concevoir des algorithmes plus sophistiqués et de renforcer le vivier de talents.

Laisser un commentaire